Île Jan Mayen
Jan Jacobszoon May van Schellinkhout était un navigateur néerlandais des XVIe et xviie siècles et originaire de la région de la Frise. En 1614, il s’approche de l’île Jan Mayen découverte quelques années auparavant. Joris Carolus, un membre d’équipage, en réalise une cartographie et baptise un promontoire « Jan Meys Hoeck ». Par la suite, ce nom sert à désigner l’ensemble de l’île et est transformé en « Jan Mayen ».
Géographie
Située à la limite des océans Atlantique et Arctique, elle est perdue au milieu des eaux. Au Nord de l’Islande, Au Sud du Svalbard. A l’Ouest se trouve le Groenland et la Norvège à l’Est. Elle est quasiment à la même latitude que Tromsø. Elle est administrée par le Comté de Nordland. L’île Jan Mayen est un territoire Norvégien situé au-delà du Cercle Polaire Arctique, à 500 km des côtes orientales du Groenland, 550 km de l’Island, et à 950 km de la Norvège. C’est la seule terre que l’on rencontre entre l’Islande et le Svalbard. Elle est située entre 70°49′ et 71°9′ de latitude Nord, 8°45′ et 9°24′ de longitude Ouest.
L’île Jan Mayen est une île de forme allongée orientée nord-est/sud-ouest et de 377 km² de superficie. Mesurant 53,6 kilomètres de longueur pour 15,8 kilomètres de largeur au maximum, elle est constituée de deux ensembles géographiques reliés par un isthme large de 2,5 kilomètres. Le point le plus au nord de l’île est le Nordkapp, en français « Cap Nord », formé au cours de l’éruption de 1985 du Beerenberg, et le plus au sud est le Sørkapp, en français « Cap Sud ».
Presqu’île nord
La partie nord est occupée par un seul volcan, le Beerenberg ou Haakon VII Toppen, le plus important des terres arctiques. Le plus septentrional de la Terre aussi. Son sommet, en forme de cône régulier, atteint 2277 m d’altitude, d’où descendent plusieurs glaciers. Il est enveloppé d’un manteau de glace scintillante et bleue, dont les rebords descendent jusqu’au rivage. Que le Beerenberg soit un ancien volcan, on n’en avait jamais douté. Mais on n’avait jamais constaté de véritables éruptions dans l’île jusqu’en 1970. Depuis, il est resté actif. L’éruption la plus récente date de 1985.
L’île Jan-Mayen ne présente le long de ses côtes inhospitalières aucun abri contre les vents du large, bien que les agents atmosphériques et les érosions marines aient taillé, d’énormes morceaux de sculpture dans les roches éminemment friables de la côte.
Entre le cap Nord-Est et le cap Sud-Est, la côte court nord-sud. Les taches blanches formées par les glaciers du Beerenberg s’aperçoivent à bonne distance, quand la brume n’est pas trop épaisse. Après le cap Sud-Est, la côte prend brusquement la direction est-ouest. A signaler : le cap Hope, le cap Fishburn, la baie Jameson, le cratère de la presqu’île des Oeufs (alt. 183 m).
Du cap Nord-Est à la baie Mary-Muss, le long de la côte occidentale de la presqu’île du nord, on rencontre l’anse d’East-Cross, les caps Nord-Ouest, Cross, le mont des Oiseaux, énorme rocher à pic de 168 mètres de hauteur, dont la tête déchiquetée ressemble aux ruines crénelées d’une forteresse, habité par des milliers d’oiseaux qui font un vacarme assourdissant.
Presqu’île sud
La partie sud de l’île Jan Mayen est étroite et assez basse. Les hauteurs se pressent les unes contre les autres, formant chacune un cône volcanique admirablement dessiné, avec des cratères réguliers qui témoignent de l’intensité récente du feu souterrain. Du cap Sud-Ouest au cap Sud, les falaises sont taillées à pic, et élevées de 60 mètres environ. Du cap Sud au cap Nord-Est, la côte tombe à pic.
L’isthme central
Un isthme long et très étroit relie ces deux presqu’îles. La plage de la baie Mary-Muss est couverte d’une grande quantité de bois desséché apporté par les courants, et que l’on nomme pour cette raison : bois flotté. On y rencontre des troncs d’arbres de toute dimension provenant de la Sibérie, ainsi que des objets ayant appartenu aux pêcheurs norvégiens. L’accumulation du bois flotté à Jan-Mayen provient surtout de l’isolement où est laissée cette île, dont les plages ne sont pratiquement jamais visitées par les pêcheurs. Le même phénomène se remarque sur la côte orientale de l’isthme dans la Baie du bois flotté.
De part et d’autre de cet isthme, entre les deux côtes, on aperçoit deux lagunes. La lagune occidentale est ancienne et déjà décrite dans un livre hollandais : De Nieuwe grote Zee-Spiegel, publié à Amsterdam en 1667. Au contraire, la lagune orientale, que Scoresby ne signale pas en 1817, a été vue pour la première fois par Vogt en 1861. C’est donc entre ces dates que doit vraisemblablement se placer son apparition.
Le littoral, long de 124,1 kilomètres², est formé en majorité de falaises et de côtes rocheuses. Seul l’isthme est en partie constitué de dépôts marins ayant créé deux cordons littoraux délimitant deux lagunes : Nordlaguna, en français « Lagune du nord », du côté nord et Sørlaguna, en français « Lagune du sud », la plus grande, du côté sud. D’autres petites baies comme Guinea-bukta, en français « Baie de Guinée », ou Kvalrossabukta, en français « Baie du morse », se trouvent sur les côtes de Sør-Jan. L’île Jan Mayen se trouve à la limite de la banquise d’hiver qui entoure le Groenland. Toutefois, ces glaces se font de plus en plus rares avec le réchauffement climatique de la planète.
Bien que l’île Jan Mayen ne comporte aucun cours d’eau, l’eau douce est toutefois présente sur l’île sous la forme de petits lacs mais surtout par la calotte glaciaire qui recouvre la majeure partie du Beerenberg sur 115 km2 de superficie soit près d’un tiers de l’île. Cette couche de glace, dont les parties basses fondent durant les mois les plus chauds, forme des langues glaciaires dont cinq atteignent la mer. La calotte glaciaire est toutefois en recul et les glaciers sont soumis à d’importants vêlages vraisemblablement à cause du réchauffement climatique mondial.
Démographie:
L’île n’est peuplée que de 18 habitants composant les équipes de la station météorologique, de la station LORAN-C (Le LORAN (LOng RAnge Navigation) est un système de radionavigation utilisant les ondes d’émetteurs terrestres fixes pour établir une position) et du personnel de maintenance.
Géologie:
L’île Jan Mayen est une île volcanique en activité, située sur la plaque eurasienne, relativement récente car âgée de moins de 700 000 ans et formée par un point chaud situé pratiquement à l’aplomb de la dorsale médio-atlantique. Une section de cette dorsale, la dorsale Mohns orientée nord-est/sud-ouest et se terminant à proximité des côtes nord de l’île, est prolongée par la zone de fracture de Jan Mayen, une faille transformante orientée nord-ouest/sud-est, elle-même prolongée à 170 kilomètres au nord-ouest de l’île Jan Mayen par la dorsale Kolbeinsey orientée nord-est/sud-ouest.
Une centaine de bouches éruptives, six dômes de trachytes et une dizaine de fissures éruptives répartis sur l’ensemble de l’île ont émis depuis la fin du Pléistocène des laves basaltiques alcalines et des trachytes composant la majorité des roches présentes en surface de l’île. Le reste de ses roches de surface est constitué par des matériaux volcaniques remaniés par les courants marins et formant des plages et des cordons littoraux au fond de certaines baies de l’île ou mobilisés par les glaciers et leurs eaux de fonte.
Le Beerenberg, stratovolcan culminant à 2 277 mètres d’altitude et recouvert de 115 km2 de glaces7, forme le Nord-Jan, la partie nord de l’île. Il est le principal volcan de l’île Jan Mayen et le volcan aérien le plus au nord de la Terre5. Sur son flanc nord-est, en 1970 et en 1985, des éruptions fissurales ont entraîné l’agrandissement de l’île lorsque les coulées de lave basaltique se sont jetées dans la mer.
Le Sør-Jan, la partie sud de l’île, regroupe quant à elle le plus grand nombre de bouches éruptives représentées par un ensemble de cratères, de cônes de scories, de dômes de trachytes et de leurs produits éruptifs composés de laves et de tephras.
Faune:
L’île Jan Mayen n’abrite plus de mammifère terrestre depuis 1990, les renards polaires ayant été exterminés par les trappeurs norvégiens au début du xx siècle et les ours blancs ne s’aventurant plus autant au sud avec la fonte prononcée de la banquise hivernale.
Les eaux côtières de l’île Jan Mayen sont très poissonneuses et attirent de nombreux cétacés comme la baleine boréale, la baleine à bosse, la baleine de Minke, le rorqual commun, la baleine bleue, le rorqual boréal, l’hyperodon boréal, l’orque, le dauphin à nez blanc, des morses ainsi que de nombreux oiseaux de mer qui, avec près de 500 000 couples reproducteurs, représentent les animaux les plus abondants sur l’île. Au total, 120 espèces d’oiseaux y ont été recensées.
Les oiseaux les plus communs sont l’eider à duvet, la sterne arctique, le guillemot à miroir, le mergule nain, le macareux moine, le fulmar boréal, la mouette tridactyle et le guillemot de Brünnich, ces trois dernières espèces étant les principales espèces nidificatrices sur l’île.
Les oiseaux des Svalbard et île Jan Mayen
179 espèces répertoriées, tous statuts confondus.
Flore:
En raison du climat polaire, la seule formation végétale rencontrée sur l’île Jan Mayen est une toundra principalement formée d’herbes et de mousses. Celle-ci est composée de 74 espèces végétales représentées par 4 ptéridophytes, 53 dicotylédones et 17 monocotylédones dont 3 espèces de pissenlits endémiques qui sont Taraxacum brachyrhynchum, Taraxacum recedens et Taraxacum torvum et 9 espèces de champignons.
Parmi les espèces végétales présentes sur l’île Jan Mayen, on peut rencontrer une sous-espèce boréale du prêle des champs, des carex, des luzules, des pâturins, des céraistes, des potentilles, des renoncules, y compris des renoncules des glaciers, de l’oseille, des saxifrages, des silènes, des pissenlits, des véroniques, etc.
L’île Jan Mayen ne possède pas de forêts mais on y rencontre pourtant une espèce d’arbre. Il s’agit en fait d’une espèce de saule nain dont la hauteur est comprise entre un et six centimètres et ayant des feuilles d’un à deux centimètres de longueur.
Climat:
L’île Jan Mayen se situe sous des latitudes élevées et au contact de deux courants marins et de leurs masses d’air associées : venant du nord, le courant froid du Groenland oriental asséchant l’air et chargé d’icebergs en mars rencontre la dérive nord atlantique venant du sud et amenant de l’humidité atmosphérique. Cette situation soumet l’île à un climat polaire néanmoins radouci par des influences maritimes ce qui occasionne de fréquents orages et du brouillard persistant. L’ensoleillement est aussi affecté par la position septentrionale de l’île située au-delà du cercle Arctique avec l’apparition d’une nuit polaire avec obscurité complète de mi-novembre à fin janvier et d’un soleil de minuit avec disque solaire complet de mi-mai à fin juillet.
Les moyennes mensuelles des températures (courbe rouge du diagramme climatique) varient de +4,9 °C en août à −6,1 °C en février et mars avec une moyenne annuelle à −1,4 °C. Les records de température sont de −28,4 °C en février 1965 et +18,1 °C en juin 1953. Les précipitations (courbe bleue du diagramme climatique) sont relativement faibles avec une moyenne annuelle de 613 millimètres pour des précipitations mensuelles moyennes variant de 36 millimètres en juin à 83 millimètres en octobre. Ces précipitations, conjuguées aux basses températures, sont propices à la formation et au maintien de la calotte glaciaire présente sur le Beerenberg.
Isolée au milieu de l’océan, l’île Jan Mayen n’est pas protégée du vent catabatique arrivant directement des zones arctiques situées au nord et du Groenland situé à l’ouest. Très fréquent, celui-ci abaisse la température ressentie par un phénomène de refroidissement éolien, diminuant la température de 20 °C pour un vent de 102,6 km/h. Ce vent de nord peut être à l’origine d’une onde orographique formant des nuages lenticulaires mais surtout pouvant provoquer une allée de tourbillons de Karman en rencontrant le Beerenberg. Les cellules tourbillonnantes formées par ce phénomène peuvent atteindre jusqu’à vingt-cinq kilomètres de diamètre et persister sur des centaines de kilomètres, rendant alors dangereuse l’approche de l’île Jan Mayen par des avions venant du sud.
Diagramme climatique annuel de l’île Jan Mayen : la courbe rouge représente la courbe des températures et la courbe bleue, celle des précipitations.
Tourisme:
Une permission spéciale est nécessaire pour entrer dans l’île. Une piste d’atterrissage de 1 600 m non pavée existe mais il n’y a pas de vol commerciaux. Il n’y à pas d’activité commerciale sur l’île même si celle-ci se trouve dans une zone libre de taxe. Le climat arctique difficile et l’activité volcanique sont les plus grand danger de l’île.
Histoire:
Découverte
La découverte de l’île Jan Mayen est encore sujette à controverse. Le moine irlandais Brendan relate au vie siècle qu’au cours d’un de ses voyages, il s’est approché d’une île noire crachant du feu dans un bruit assourdissant. Pensant avoir atteint les portes de l’Enfer, il n’y débarque pas. L’île Jan Mayen étant volcanique, il est possible qu’il l’ait découverte au moment d’une éruption mais il n’y en a aucune preuve. Il est également possible que les Vikings aient connu l’existence de l’île Jan Mayen car ils étaient présents entre autres en Norvège, aux îles Féroé, en Islande et au Groenland.
L’île Jan Mayen est découverte avec certitude au début du xviie siècle par des baleiniers néerlandais et britanniques à la recherche de nouvelles zones de pêche. De nombreux navigateurs revendiquent alors cette découverte, dont l’anglais Henry Hudson qui aurait lui aussi approché l’île sans y accoster en 1607 et l’aurait baptisée Hudson’s Tutches ou Touches. La première découverte incontestée est attribuée à l’explorateur néerlandais Jan Jacobs May van Schellinkhout qui visite l’île en 1614. Son cartographe la baptise Jan Mayen après avoir cartographié ses côtes, constituant ainsi la preuve la plus ancienne de la découverte de l’île Jan Mayen.
Premières occupations
L’île Jan Mayen n’est alors revendiquée par aucune puissance mais sert de camp de base saisonnier durant deux périodes distinctes et de lieu d’étude scientifique durant la première année polaire internationale.
Ainsi, durant la première moitié du xviie siècle, des baleiniers établissent sur l’île plusieurs fonderies d’huile alimentées à partir de la graisse de baleine. Jusqu’à mille baleiniers vivent alors sur l’île Jan Mayen en période estivale au plus fort de la chasse à la baleine dans ce secteur. L’huile de baleine étant à l’époque très convoitée, des systèmes de défense sont construits sur l’île afin de protéger cette denrée des pillages comme en attestent les deux canons retrouvés à la fin du xxe siècle. Un premier hivernage est tenté sur l’île en 1633 mais il échoue : aucun des sept hommes laissés sur l’île n’a survécu lorsque les pêcheurs reviennent l’année suivante6. La surexploitation de la baleine boréale entraînant une baisse des populations dans ce secteur de l’océan Atlantique, l’île est peu à peu désertée entre 1640 et 1650 et ce pour les 230 années suivantes.
L’hiver 1882–1883 étant déclaré « première année polaire internationale », une équipe scientifique austro-hongroise choisit l’île Jan Mayen comme lieu d’étude en se basant à Maria Muschbukta, en français « Baie Maria Musch », inaugurant la vocation scientifique qui constitue la seule activité actuelle de l’île. Du 13 juillet 1882 au 6 août 1883, ils effectuent de nombreuses recherches comme des tests d’équipement et de matériel destiné aux futures expéditions polaires, des mesures de salinité et de température de la mer ainsi que du magnétisme, des collectes de plantes, d’animaux et de roches, produisent une cartographie de l’île qui est utilisée jusque dans les années 1950 et effectuent le premier hivernage réussi sur l’île6.
Au début du xxe siècle, les Norvégiens commencent à venir sur l’île Jan Mayen, y passant même des hivers, afin d’y pratiquer la chasse. Leurs proies favorites sont les renards polaires, très prisés pour leur fourrure, et parfois des ours blancs. La chasse intensive réduisant de manière drastique les populations de renard et par là même les profits générés par cette activité, les chasseurs, découragés par l’aspect stérile de l’île Jan Mayen et la rudesse des conditions de vie, quittent l’île à la fin des années 1920.
Souveraineté norvégienne
Prise de possession
Photo de groupe autour de 1920 prise sur le Maud, navire de Roald Amundsen, avec les explorateurs polaires Gennadij Olonkin (troisième en partant de la gauche) et Oscar Wisting (tenant le chien).
Les besoins d’une station météorologique implantée sur le passage des perturbations atmosphériques venant du Groenland et du pôle Nord et se dirigeant vers la Norvège se fait sentir dès 1914 lorsque le professeur Kristian Birkeland d’Oslo réclame la construction d’une telle station sur l’île Jan Mayen. Malgré la mort de 125 chasseurs de phoques dans deux tempêtes survenues en 1917 et 1920, il faut attendre l’été 1921 pour qu’une station météorologique, aujourd’hui appelée Eldstemetten, soit construite sur la côte Sud de l’île22.
L’année suivante, l’Institut météorologique norvégien annexe l’île au profit de la Norvège afin d’y renforcer sa présence et un décret royal du 8 mai 1929 place l’île sous souveraineté norvégienne. Enfin, une loi du 27 février 1930 permet au Royaume de Norvège d’acheter l’île à différents propriétaires et de régler ainsi un litige sur la question de la propriété de l’île Jan Mayen.
Seconde Guerre mondiale
La souveraineté norvégienne sur l’île Jan Mayen ne connait pas d’interruption depuis 1921 même durant la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands envahissant et occupant la quasi-totalité de la Norvège à partir du 9 avril 1940, la famille royale norvégienne s’exile et organise une résistance. Le roi Haakon VII se préoccupe de la défense des rares territoires de son royaume encore libres dont l’île Jan Mayen où il envoie en 1941 un contingent militaire composé de quelques soldats ainsi qu’une nouvelle équipe scientifique afin d’y installer une présence norvégienne capable de repousser d’éventuelles tentatives d’invasions allemandes. L’équipe scientifique, qui a déserté et incendié la station météorologique d’Eldstemetten en 1940 afin qu’elle ne tombe pas aux mains des Allemands, en reconstruit alors une nouvelle à proximité de la garnison militaire, au pied du Beerenberg.
Cette nouvelle station fonctionne tout au long de la guerre malgré des bombardements aériens allemands. Durant ces attaques qui ne font aucun dégât, deux avions allemands s’écrasent sur l’île dont un quadrimoteur avec neuf membres d’équipage à son bord qui heurte le Beerenberg à proximité du campement norvégien en 1942. Après la fin du conflit, en 1950, des géologues britanniques retrouvent les débris de l’autre avion avec à son bord les restes des quatre membres d’équipage. Ceux-ci, ainsi que ceux du quadrimoteur, sont transférés au cimetière militaire de Narvik en 1959.
En 1943, les Américains sont autorisés à construire une station de radionavigation sur l’île Jan Mayen qu’ils installent en deux campements sur la côte Nord et Ouest et qu’ils baptisent Atlantic City. Cette station a pour principal objectif de localiser les stations météorologiques et radios allemandes installées au Groenland.
Développement des activités météorologique et radio
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les météorologues norvégiens utilisent le campement Ouest de la station d’Atlantic City désertée par les Américains pour leurs prévisions jusqu’à ce qu’une nouvelle station appelée Gamlemetten soit construite non loin en 1949. Durant les dix années suivantes, la seule activité sur l’île se résume à des mesures météorologiques et des lâchers de ballons-sondes. La station est aussi équipée d’une radio permettant de relayer les messages entre la Norvège continentale et les bateaux croisant à proximité de l’île Jan Mayen. Cette radio permet ainsi de sécuriser le secteur pour les bateaux de pêche et les baleiniers qui sont assurés de voir leurs éventuels appels de détresse entendus.
L’activité sur l’île Jan Mayen se diversifie sous l’impulsion de l’OTAN lorsqu’une station de radionavigation du réseau LORAN-C est installée sur l’île en 1959 avec l’érection d’une antenne haubanée à ondes longues de 190 mètres de hauteur. Cette station, placée sous la responsabilité de l’Administration norvégienne de communication et de défense ou NORECA, est reliée à celles d’Islande, des îles Féroé, de la Norvège continentale et d’Allemagne. À cette occasion, un nouveau site est aménagé sur la côte Sud-Est de l’île : des logements, des lieux de vie, des locaux techniques et une station énergétique sont construits et l’ensemble est baptisé Olonkinbyen, en anglais Olonkin City, en l’honneur de l’un des vétérans de l’île Jan Mayen. L’année suivante, un nouvel émetteur est adjoint au premier ce qui nécessite de nouveaux travaux. La construction d’Olonkinbyen n’ayant pas été aisée en l’absence de port, une piste d’atterrissage est construite sur l’isthme de l’île. Cette piste permet à l’avion de devenir le principal moyen de transport reliant l’île Jan Mayen au reste du monde par le biais d’une douzaine de rotations par an, le premier atterrissage s’étant effectué en 1961. Désormais, seul le ravitaillement en carburant et en matériels ne pouvant être transportés par les airs continue de se faire par bateau en été.
Depuis le déménagement de la station météorologique, baptisée Metten, à proximité de la piste d’atterrissage en 1962, les implantations et les activités humaines se concentrent sur une zone côtière de cinq kilomètres de longueur sur la côte sud-est de l’île.
Malgré la guerre froide et la position stratégique de l’île Jan Mayen située sur une des routes maritimes reliant l’océan Atlantique Nord à l’océan Arctique, la station LORAN-C constitue la seule construction de l’OTAN sur l’île qui n’abrite aucune installation militaire. En effet, des bases de l’OTAN existent déjà dans les territoires environnants comme le Groenland, l’Islande ou la Norvège et l’île est en retrait du détroit de Danemark, maillon du GIUK, ce qui n’y permet pas le développement du SOSUS. À partir du début des années 1980, des accords maritimes sont fixés avec les territoires voisins : exploitation des ressources maritimes avec l’Islande le 22 octobre 198126, établissement de la frontière maritime avec le Groenland le 14 juin 199327 et en juillet 199428.
L’île Jan Mayen et les hommes
Administration
L’île Jan Mayen ne constitue pas seulement un territoire appartenant à la Norvège qui y exerce sa souveraineté et y applique ses lois mais devient aussi une propriété de l’État norvégien par une loi du 27 février 19306. Depuis août 1994, l’île est administrée depuis Oslo par le fylkesmann du comté de Nordland qui se trouve sur le continent européen, l’autorité directe sur l’île étant toutefois confiée à un commandant de station, en anglais Station commander.
Selon le code ISO 3166-1, l’île Jan Mayen est réunie avec le Svalbard sous la dénomination « Svalbard et Jan Mayen » abrégée en « SJ ».
Présences et activités humaines
L’île Jan Mayen est une île habitée en permanence bien que les équipes des stations météorologiques et de radionavigation, 88 entre 1948 et 2009, soient relayées tous les six mois en avril et en octobre. L’île compte 18 habitants pour le contingent de l’hiver 2009-2010 composant les équipes de la station météorologique, de la station LORAN-C et du personnel de maintenance. L’ensemble de ce personnel vit à Olonkinbyen, le seul endroit habité de l’île, situé sur la côte orientale de Sør-Jan et composé de logements, d’ateliers techniques et d’une station énergétique. La seule route de l’île relie Olonkinbyen à la station météorologique située à trois kilomètres au nord, à l’extrémité sud de la seule piste d’atterrissage de l’île Jan Mayen. L’île ne possédant ni port, ni jetée, le ravitaillement par bateau ne concerne que le carburant et le matériel débarqué à l’aide de barges et de canots. Le personnel et les vivres sont quant à eux pris en charge par la douzaine de rotations aériennes assurées par l’armée de l’air norvégienne depuis le continent. Outre la station météorologique et la station LORAN, l’île Jan Mayen abrite un sismographe de l’Université de Bergen, un magnétomètre de l’Université de Tromsø et depuis 1995 une station radio commandée par satellite à partir de Bodø. L’ensemble des infrastructures et des activités humaines se concentrent ainsi depuis 1962 sur cinq kilomètres de la côte Sud-Est de l’île.
Située à trois kilomètres au nord d’Olonkinbyen, la station météorologique réalise des mesures visant à établir des prévisions météorologiques grâce à des lâchers de ballons-sondes deux fois par jour et des relevés de données six fois par jour. L’île Jan Mayen constitue en outre un lieu d’étude et de recherche sur les courants marins et leurs masses d’air associées car l’île se situe au contact des deux principaux courants de cette région du globe : le courant du Groenland oriental et la dérive nord atlantique.
La station LORAN-C constitue un des maillons du réseau de l’Atlantique Nord de radionavigation à basse fréquence hyperbolique du réseau LORAN. L’émetteur, constitué d’une antenne haubanée de 190 mètres de hauteur, émet huit pulsations toutes les 0,07 secondes sur un premier canal et huit pulsations toutes les 0,09 secondes sur un second canal36. Le décalage de réception entre les pulsations reçues des différents émetteurs de la région permet ainsi de calculer sa position, les émetteurs étant synchronisés grâce à une horloge atomique au césium36. Malgré son efficacité et bien qu’il soit utilisé pour apporter des corrections de positionnement aux satellites, ce système de radionavigation est remis en question avec le développement du système GPS.
L’isolement et le climat rude offrent peu de possibilité de loisirs aux équipes qui pratiquent néanmoins la construction navale, le radioamateurisme, la pêche, l’alpinisme, la peinture ou encore le tir. Le personnel de la station météorologique, perpétuant la tradition des premiers scientifiques établis sur l’île, continue d’entretenir des chiens servant à l’origine à monter la garde contre les ours blancs bien que le dernier ait été aperçu sur l’île en 1990.
L’île Jan Mayen ne constitue pas une destination touristique facile d’accès car outre le fait qu’il n’y ait ni port, ni structure d’accueil, ni possibilité d’hébergement pour les visiteurs, les vols commerciaux ou privés ne sont pas autorisés à atterrir et toute personne étrangère au personnel des stations doit obtenir l’autorisation du commandant de la station pour séjourner sur l’île. Des navires de croisière partant de Norvège ou d’Islande et en route pour le Groenland ou le Svalbard croisent parfois à proximité de l’île Jan Mayen mais n’y accostent jamais. Une compagnie touristique norvégienne organise toutefois de courtes excursions sur l’île.
Crédits: Wikipédia
http://www.cosmovisions.com/IleJanMayen.htm