Les Territoires du Nord-Ouest sont un territoire du Canada.


Les Territoires du Nord-Ouest ou T. N.-O. (en anglais: Northwest Territories ou NWT) forment une région du Canada située au nord du 60e parallèle, à l’est du Territoire du Yukon et à l’ouest du Québec et de Terre-Neuve. Constituant jadis le tiers du pays, cette grande région de 1,4 million km² (équivalant à 2,3 fois la France actuelle) est bordée au nord par l’océan Arctique, au nord-est et à l’est par la baie de Baffin, à l’est par le territoire du Nunavut, au sud par les provinces du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique et à l’ouest par le Territoire du Yukon.

Suite à l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut conclu en 1993, la carte du Canada a été transformée, le 1er avril 1999, par la division des Territoires du Nord-Ouest en deux entités territoriales distinctes: les Territoires du Nord-Ouest (qui conservent leur nom dans la partie ouest) et le Nunavut dans la partie est.
La partie continentale des Territoires du Nord-Ouest est complétée par des milliers d’îles (généralement appelées îles Arctiques), qui se situent au nord jusqu’à 800 km du pôle Nord, par les îles de la baie d’Hudson, de la baie James et de la baie d’Ungava.

Au cours de l’histoire, les Territoires du Nord-Ouest furent redécoupés à de nombreuses reprises, surtout à partir de 1867.

Démographie:

Après la partition d’avril 1999 entre les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, la population des Territoires est passée de 64 000 habitants à 40 000 individus. Au recensement de 2011, les Territoires du Nord-Ouest comptaient officiellement une population de 41 462 personnes. Selon ce même recensement, la population des Territoires était répartie de la façon suivante au sein des 34 «communautés» reconnues.On constate que, parmi les 34 communautés, seules quelques-unes comptent plus de 1000 habitants: Behchoko, Fort Simpson, Fort Smith, Hay River, Inuvik et Yellowknife, la capitale (19 200 hab.). Par ailleurs, le total des 34 communautés donne 31 560 habitants, alors que Statistique Canada l’établit à 41 462, ce qui signifie que 9902 individus vivaient en 2011 à l’extérieur de ces 34 communautés. Par ailleurs, la capitale, Yellowknife, compte pour la moitié de la population des Territoires, moins de 20 000 habitants.

Les langues officielles : Dans les Territoires du Nord-Ouest, vivent des Blancs et des autochtones amérindiens, inuits et métis. En vertu de la législation en vigueur dans les Territoires du Nord-Ouest, l’anglais, le français, le chipewyan, le cri, l’esclave du Nord, l’esclave du Sud, le gwich’in, l’inuinnaqtun, l’inuvialuktun, l’inuktitut et le tlicho (dogrib ou flanc-de-chien) sont les langues officielles des Territoires, soit onze langues officielles. Selon la loi, les résidents des Territoires du Nord-Ouest ont le droit d’employer n’importe laquelle des langues officielles dans une cour de justice territoriale, ainsi que dans les débats de l’assemblée législative.

Anglais               Famille indo-européenne (groupe germanique)   42 724
Français             Famille indo-européenne (groupe roman)   3 915
Inuktitut             Famille eskino-aléoute (groupe inuit)   240
Inuvialuktun       Famille eskino-aléoute (groupe inuit)  196
Inuvialuktun       Famille eskino-aléoute (groupe inuit)  499
Tlicho   (dogrib ou flanc-de-chien)       Famille na-déné (ou athapascane)  2 617
Gwich’in   (loucheux)      Famille na-déné (ou athapascane)  228
Esclave du Nord (peau-de-lièvre) Famille na-déné (ou athapascane)  1 167
Esclave du Sud      Famille na-déné (ou athapascane)  1 458
Chipewyan             Famille na-déné (ou athapascane)   663
Cri                           Famille algonquienne  222
Total (y compris les réponses multiples, individus bilingues ou trilingues)   53 929

Economie:

Le sous-sol des Territoires du Nord-Ouest est extrêmement riche et diversifié, mais l’exploitation des immenses ressources qu’il recèle en est pourtant encore à ses balbutiements. Les conditions rigoureuses font de l’exploitation une tâche complexe demandant de nombreux investissements qui sont souvent ralentis par les soubresauts des cours des matières premières. 

Géographie:

La partie continentale des territoires du Nord-Ouest est complétée par 94 îles principales ( îles arctiques). Les principales sont : l’île Banks, l’île du Prince Patrick, l’île Mackenzie, l’île Borden, le Nord-Est de l’île Victoria, l’ouest de l’île Melvaille, l’île Emerald, l’île Brock, l’île Eglinton, une partie des îles de la reine Elisabeth. La partie continentale des territoires s’étend sur 1200 km du nord au sud et de 1400 de l’Est à l’Ouest. La partie dans le cercle polaire arctique fait 690 km d’est en ouest sur 40 km du nord au sud.La glace est éternelle dans les îles situées les plus au nord-ouest et elle recouvre toutes les mers avoisinantes la majeure partie de l’année, limitant ainsi grandement la navigation. La partie sud-est de l’archipel n’est pas aussi froide, cependant, en raison de sa proximité des eaux libres de l’Atlantique Nord et grâce à son altitude plus élevée, elle reçoit plus de précipitations qu’ailleurs dans l’Arctique qui, de manière générale, fait partie des régions les plus sèches du Canada.

Villes et villages:

Au Nord du cercle polaire:

Tuktoyaktuk ou Tuktoyuktuk, « cela ressemble à un caribou » anciennement Port Brabant, est un hameau Inuit situé dans la région d’Inuvik  Le village se trouve sur la baie de Kugmallit, à proximité du delta du fleuve Mackenzie. 854 habitants.

Sachs Harbour: 112 habitants

Ulukhaktok (traditionnellement épelé Ulukhaqtuuq et connu jusqu’au 1er avril 2006 sous le nom de Holman) est un petit hameau sur la côte ouest de l’île Victoria, dans la région d’Inuvik : 402 habitants

Aklavik était à l’origine un poste de traite géré par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le poste a été établi en 1912 est a su se développer afin de devenir le centre régional de l’Arctique occidental. La région, située sur la rive gauche du delta de fleuve Mackenzie dans la plaine séparant l’embouchure du fleuve des monts Richardson (en) est souvent frappée par des inondations et des problèmes d’envasement durant les périodes de dégel. Le gouvernement du Canada décide donc en 1961 de déplacer ses services à Inuvik, située sur la rive droite. Une partie de la population inuit s’est déplacée, mais, une communauté continue d’y demeurer. Les habitants vivent principalement de la chasse et de la pêche: 633 habitants

Inuvik «la place de l’homme  » est une ville située dans la région d’Inuvik ,  située sur le chenal Est du delta du fleuve Mackenzie, à environ 100 km de l’océan Arctique et à environ 200 km au nord du cercle polaire arctique.: 3463 habitants

Paulatuk : 313 habitants

Fort McPherson :   (en langue Gwich’in: Teet’lit Zhen : La tête hors de l’eau), est une bourgade située dans la région d’Inuvik, Le fort fut créé en 1849, par des explorateurs employés par la compagnie de la Baie d’Hudson, comme poste de traite, le long de la rive de la rivière Peel, en amont de sa confluence avec le fleuve Mackenzie. Le fort McPherson est accessible par la route Dempster Highway qui relie Dawson City dans le Yukon à sa destination finale Inuvik située à 120 kilomètres au nord-est du fort. La population s’élève à environ 800 habitants dont 80 % d’Amérindiens de la Nation Gwich’in. Ce poste de traite de la fourrure était situé à 7 km au nord de la cité actuelle.

La communauté des Premières Nations de Tsiigehtchic se situe au confluent du fleuve Mackenzie et de la rivière Arctic Red : 143 habitants

Colville Lake est une ville située au nord-ouest de Yellowknife. En 2009, elle compte 147 habitants. Elle est située à 67’02’N de latitude et 126’07’W de longitude. On y parle l’anglais et le North Slavey. Colville Lake est probablement une des plus traditionnelles villes des Territoires du Nord-Ouest. Située dans le pays traditionnel de North Slavey Dene, l’organisation de la communauté n’a pas commencé avant 1962 quand la Mission Catholique Romaine fut créée. L’économie est basée sur la chasse, la pêche et le tourisme.

 

Fort Good Hope est une communauté de la région Sahtu située au bord du fleuve Mackenzie. Elle compte 515 habitants

Géologie:

Le bouclier canadien constitue l’Arctique continental. Les roches les plus anciennes du Canada (3,96 milliards d’années) ont été trouvées à l’est du Grand lac de l’Ours. Les couches de glace du pléistocène ont poli sa surface, érodant les matériaux de surface jusqu’au substratum rocheux. À certains endroits, la fonte des glaces a laissé des blocs de roche, du sable et des graviers. Dans l’ensemble, la surface de basse altitude est rocheuse et légèrement ondulée, parcourue par un labyrinthe déconcertant de rivières et de lacs irréguliers.

Hydrographie:

Le territoire est parsemé de lacs et étendues d’eau. 163 021 km² sont recouverts d’eau sur la partie continentale.

Climat:

Le climat des Territoires du Nord Ouest varie de subarctique à polaire, et les conditions de vie extrêmes qui prévalent pendant près des trois quarts de l’année (température moyenne entre -30 et −20°C) expliquent la faiblesse de la densité de population, inférieure à 0,01 hab/km².

Faune:

La faune marine est nombreuse: morses, narvals, bélugas, phoques, baleines boréales.

Pour la,partie terrestre, on retrouve des grizzlis de Richarson, des caribous, des boeufs musqués, des lièvres et renards arctiques, des spermophiles.

Flore:

La moitié des Territoires est située au sud de la limite des arbres, laquelle s’étend du nord-ouest au sud-est, depuis le delta du Mackenzie dans l’océan Arctique jusqu’au coin sud-est du territoire. L’est des Territoires et les îles arctiques ne sont pas recouverts de forêts, mais de toundra.

Culture:

Les peuples autochtones des Territoires du Nord-Ouest souhaitent fortement préserver leur culture et leur patrimoine. Des instituts culturels autochtones ont été créés dans plusieurs communautés et beaucoup d’autres ont lancé des programmes pour recueillir le savoir des aînés, enseigner le savoir-faire traditionnel aux enfants et préserver leur langue. Des festivals de musique et d’art sont de plus en plus populaires dans plusieurs parties des Territoires du Nord-Ouest. Les Territoires du Nord-Ouest comptent beaucoup de musées communautaires, de sociétés historiques et de groupes de protection du patrimoine.

Histoire:

Ces territoires étaient habités par des Inuits bien avant que les Européens ne se mettent en quête du fameux passage du Nord-Ouest. De nombreuses nations amérindiennes s’y trouvaient également quand arrivèrent les Européens, notamment les Yellowknife, lesChippewayan, les Sekanis, les Castors, les Nahanes, les Dogribet les Esclaves. Les Vikings, vers l’an 1 000, furent les premiers explorateurs européens. En 1570, l’expédition de Martin Frobisher constitua une première visite officielle d’un explorateur dans les Territoires du Nord-Ouest.En 1610, Henry Hudson débarqua brièvement sur la rive ouest de la baie qui porte aujourd’hui son nom, alors qu’il cherchait le passage du Nord-Ouest.

En 1670, le roi Charles II d’Angleterre avait octroyé au prince Rupert du Rhin, duc de Cumberland, tout le bassin hydrographique de la baie d’Hudson. Le prince Rupert du Rhin (1619-1682), de son nom allemand Prinz Ruprecht von der Pfalz, était le plus jeune fils de Frédéric V du Palatinat (1596-1632) et Élisabeth d’Angleterre (1596-1662) ainsi que le neveu de Charles Ier Stuart, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. Le prince Rupert fut aussi le premier gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, laquelle avait obtenu l’exclusivité des droits commerciaux sur un immense territoire, connu sous le nom de Terre de Rupert, entourant la baie d’Hudson et s’étendant largement vers l’ouest. Ce vaste territoire devint alors indissociable de la lutte franco-britannique pour l’Amérique du Nord. Il donnait accès à la traite des fourrures dont chaque pays voulait obtenir l’exclusivité. La Nouvelle-France prétendait occuper le même territoire, en plus du Sud qu’elle contrôlait. Déjà, des aventuriers français, tels Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers, avaient parcouru une partie du territoire de la Terre de Rupert et avaient découvert la «mer salée» dont parlaient les autochtones : la baie d’Hudson.Finalement, Radisson et des Groseilliers décidèrent de travailler pour l’Angleterre. Ils convainquirent le roi Charles II (1630-1685) de fonder la Compagnie de la Baie d’Hudson, ce qui fut fait le 2 mai 1670. Elle fut officiellement désignée comme la Company of Adventurers of England (« Compagnie des aventuriers d’Angleterre »). La charte de la compagnie établissait un monopole de traite avec les Amérindiens et les Inuits. Ce territoire couvrait alors 3,9 millions de kilomètres carrés, soit le tiers du Canada actuel.

Au cours des années, la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), désignée en anglais comme la Hudson’s Bay Company (HBC), avait construit une série de forts autour de la baie d’Hudson (Ontario et Québec actuels) ainsi que le long du fleuve Saskatchewan et de la rivière Rouge, de façon à commercer avec les Amérindiens. De leur côté, les Français avaient construit des forts le long des Grands Lacs, du bassin du fleuve Mississipi et même dans les Plaines à mesure que progressaient leurs explorations.

Depuis les années 1680, la France et la Grande-Bretagne se faisaient la guerre. En 1692, le gouverneur de la Nouvelle-France, le compte de Frontenac, ordonna à Pierre Le Moyne d’Iberville (1661-1706) de patrouiller les côtes des colonies anglaises dans le but d’interrompre les communications entre l’Angleterre et ses colonies.

Après avoir détruit les postes anglais à Terre-Neuve en 1696, d’Iberville entreprit la conquête de la baie d’Hudson. L’année suivante, d’Iberville avait capturé tous les forts de la Compagnie de la Baie d’Hudson sauf un, le fort Albany. L’établissement le plus important de la région, Fort York, fut renommé Fort Bourbon. Les Britanniques durent attendre seize ans avant de reprendre les autres forts. Le 13 septembre 1697, les Britanniques rendirent aux Français tous les forts de la baie d’Hudson. Cet épisode à bord du navire Le Pélican constitue sans doute la plus rapide et la plus brillante campagne de Pierre Le Moyne d’Iberville. Ce devait être aussi la dernière fois qu’il guerroyait dans ces contrées nordiques. En France et au Canada, d’Iberville devint un véritable héros de légende, mais il était craint et détesté par les Britanniques qui voyaient en lui un corsaire.

En 1697, le traité de Ryswick (aujourd’hui Rijswijk, ville hollandaise de la région de La Haye) mit fin à la guerre de la ligue d’Augsbourg entre Louis XIV et la Grande Alliance. Le traité confirma la puissance de la France en Amérique. Le territoire de la Baie d’Hudson fut rattaché à la Nouvelle-France en tant que colonie autonome. Le traité précisait que le «fond de la baye» demeurait français et que le Fort York revenait à la Compagnie de la Baie d’Hudson; en réalité, les Anglais conservèrent Fort Albany, tandis que les Français retinrent Fort Bourbon (Fort York). Le nom des forts (postes de traite) porteront alors des appellations françaises (Fort Bourbon, Fort Saint-Louis, Fort Saint-Jacques, Fort Sainte-Anne, Fort Neuve Savane, etc.). Durant une décennie, les forts changèrent de mains plusieurs fois avant que tout le territoire ne soit cédé à la Grande-Bretagne en 1713 lors du traité d’Utrecht.

Le traité d’Utrecht constitua un dur coup pour la France en Amérique, car la Grande-Bretagne obtenait les territoires de Terre-Neuve (incluant l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon), de l’Acadie, de la baie d’Hudson, ainsi que l’île de Saint-Christophe aux Antilles. La carte de l’Amérique du Nord venait de changer considérablement.

Après 1713, les territoires cédés à la Compagnie de la Baie d’Hudson depuis 1670 demeurèrent ensuite définitivement anglais. La Terre de Rupert restait sous contrôle britannique, mais le territoire était administré par une compagnie privée, la Hudson Bay Compagny. Le drapeau de la CBH témoigne de l’appartenance du territoire à l’Empire britannique. Deux décennies après la cession du Canada à la Grande-Bretagne (traité de Paris de 1763), le territoire fut administré par deux entreprises de traite des fourrures : la Compagnie de la Baie d’Hudson, dont le siège social était à Londres, et la Compagnie du Nord-Ouest, dont l’administration se trouvait à Montréal et fondée avait été en 1782 par les frères Benjamin et Joseph Frobisher, ainsi que Simon McTavish.
La Compagnie du Nord-Ouest entra entre en concurrence directe avec la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui opérait déjà depuis un siècle (1670). Cette concurrence entre les deux compagnies dégénéra en affrontements armés jusqu’à ce que la compagnie montréalaise fusionne en 1821 avec la CBH. Le monopole commercial de la CBH fut aboli en 1859, alors que le marché de cette immense région s’ouvrit à tous les entrepreneurs.

Durant près de deux siècles, la Compagnie de la Baie d’Hudson assura le bon ordre sur le territoire et veilla au fonctionnement des établissements d’ordre administratif, religieux, éducatif, commercial, etc. La CBH avait établi, à partir de 1835, un gouvernement civil, centralisé dans le district d’Assiniboine, aux environs de la ville actuelle de Winnipeg, et composé d’un gouverneur, d’un greffier (« recorder ») et d’une dizaine de conseillers. La CBH a pratiqué un bilinguisme anglais-français dans le respect des communautés anglophones et francophones, et ce, peu importe la confession religieuse. De nombreux Blancs, tant francophones qu’anglophones, s’étaient établis de façon permanente sur ce territoire que l’on nommait à l’époque le «Territoire du Nord-Ouest». Beaucoup de francophones avaient épousé des Amérindiennes, ce qui avait donné naissance aux communautés de Métis, francophones et anglophones.

En 1867, la Terre de Rupert était encore une «colonie privée» (depuis 1670) et comprenant toutes les terres arrosées par la baie d’Hudson, ce qui incluait une partie de l’ouest du Québec, la plus grande partie du nord-ouest de l’Ontario, tout le Manitoba, presque toute la Saskatchewan et l’Alberta, ainsi que la partie orientale des Territoires du Nord-Ouest. Ces territoires s’étendaient de l’Alaska jusqu’au Labrador et couvraient une superficie estimée à 7,2 millions de kilomètres carrés, c’est-à-dire à 79 % de la superficie actuelle du Canada.

Le français et l’anglais jouissaient d’un statut officiel au Conseil d’Assiniboine (colonie de la rivière Rouge) et à la Cour générale. Les lois étaient lues à haute voix dans les deux langues, au moins deux fois par année; le Conseil a adopté en 1852 et en 1863 des consolidations de lois révisées, et ce, en anglais et en français. En 1838, le gouverneur de la Terre de Rupert signala au premier greffier qu’une maîtrise du français constituait une condition préalable à l’exercice de ses fonctions judiciaires : «Je présume que vous êtes capable de vous exprimer en français avec une parfaite facilité, étant donné qu’on peut, dans une large mesure, le considérer comme la langue du pays et que vous ne seriez pas qualifié pour le poste si vous ne le possédiez pas.» (Lettre de George Simpson à Adam Thom, le 5 janvier 1838, Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Winnipeg). La CBH a même congédié le juge Adam Thom en 1852 du fait qu’il ne maîtrisait pas suffisamment le français; il fut remplacé par un greffier bilingue formé en France. Le Conseil d’Assiniboine exigeait du greffier qu’il prenne la parole à la Cour générale en français et en anglais toutes les fois impliquant des intérêts canadiens ou métis. Dans un procès où les intimés et les appelants étaient francophones, la procédure se déroulait habituellement en français, alors que les jurys étaient composés uniquement de francophones. C’était le cas en anglais lorsque les intimés et les appelants étaient anglophones. Il y avait aussi des procès bilingues; dans ces cas, la procédure à la Cour générale se déroulait dans les deux langues, avec interprétation en anglais et en français, tandis que les jurys étaient composés à égalité d’anglophones et de francophones. En somme, la Terre de Rupert était un «pays bilingue» à la plus grande satisfaction de tous les habitants.

L’achat des Territoires du Nord-Ouest par le Canada

Avant la création de la Confédération canadienne en 1867, la Grande-Bretagne et le gouvernement canadien entreprirent le processus d’annexion des Terres de Rupert et des Territoires du Nord-Ouest. Toutefois, le Canada déclara sa prise de possession des terres avant que la population locale ne soit consultée, ce qui représentait quelque 100 000 personnes, pour la plupart des Inuits, des Amérindiens (Cris, Tchippewayans, Couteaux-Jaunes, Slavey, Flancs-de-Chien, Lièvres et Kaskas) et des Métis. Les Métis des territoires du Nord-Ouest, appelés aussi les «Sang-Mêlés», formaient le groupe le plus revendicateur et constituait trois groupes linguistiques distincts: les Métis de langue française (majoritaires), les Métis anglophones d’origine écossaise, dits «de la baie d’Hudson», et les Métis assimilés aux Amérindiens et parlant leur langue autochtone. Les habitants de ces territoires résistèrent agressivement à la transaction imposée.

En 1869, dans le but de réduire les tensions et de rassurer les habitants des territoires, le gouverneur général (1869-1872), sir John Young, émit la Proclamation royale du 6 décembre 1869 (voir le document original), qui déclarait que les droits civils et religieux conférés aux résidents avant l’entrée dans la Confédération seraient respectés par le gouvernement du Canada après l’entrée dans la Confédération:

Cette proclamation, adressée aux habitants des Territoires du Nord-Ouest, se révèle la seule qui soit rédigée à la fois en français.et en anglais, et enregistrée au registre officiel du Canada entre 1867 et 1874. Le texte, en faisant allusion aux «droits civils et religieux» (« civil and religious rights »), comprendrait aussi les droits linguistiques pour les habitants de la Terre de Rupert et du Territoire du Nord-Ouest.

Le gouvernement canadien a finalement accepté une liste de droits adoptée en 1870 par une convention constitutionnelle formée de 20 délégués anglophones et de 20 délégués francophones du territoire. Dans la liste des droits, figurait  la garantie constitutionnelle du bilinguisme dans l’ensemble des instances constitutionnelles de l’époque (législature et tribunaux) et de l’enseignement confessionnel. Le 7 février 1870, la convention avait présenté à Donald Alexander Smith, alors président du conseil du département du Nord de la Compagnie de la Baie d’Hudson, une charte comprenant 19 droits, dont deux en matière linguistique :

– «Que l’anglais et le français soient d’usage à l’Assemblée législative et dans les tribunaux et que l’ensemble des documents publics et des lois de l’Assemblée législative soient publiés dans les deux langues »;

– «Que le juge de la Cour suprême parle français et anglais».

À l’égard des deux revendications linguistiques, Donald Alexander Smith avait répondu : «À ce sujet, je dois dire que leur justesse est si évidente qu’on y donnera suite indiscutablement.» Par la suite, la liste des droits fut garantie par le gouvernement du Canada. La résistance des habitants du territoire fut calmée et ils acceptèrent l’entrée dans la Confédération.

La Compagnie de la Baie d’Hudson avait estimé à 400 millions de dollars la valeur de son territoire (terre de Rupert). Les Américains venaient d’acheter l’Alaska de la Russie, un territoire beaucoup plus petit, pour 7,2 millions de dollars. Après des pressions de la part du gouvernement britannique auprès des dirigeants de la Compagnie de la Baie d’Hudson, le Canada réussit à conclure un marché très avantageux. Pour seulement 1,5 million de dollars, le Canada signait en 1869 la plus grosse transaction immobilière de son histoire et devenait propriétaire d’un immense territoire de sept millions de kilomètres carrés. Par décret du 23 juin 1870, le Conseil Impérial de Londres cédait le territoire au «Dominion du Canada». L’ensemble de ces nouveaux territoires allait être désigné comme les Territoires du Nord-Ouest (Northwest Territories) le 15 juillet 1870, jour de l’entrée officielle dans le Canada.

L’entrée des Territoires dans la Confédération (1870)

En 1870, les Territoires du Nord-Ouest furent administrés directement par le gouvernement fédéral; ils n’étaient pas encore divisés..

Lors du recensement de 1871, la population des Territoires du Nord-Ouest était évaluée à quelque 48 000 habitants, dont environ 33 % de francophones. C’est surtout après 1885 que de nombreux colons francophones (principalement du Québec) sont arrivés dans l’Ouest. Cette colonisation est le fruit de compagnies de colonisation, d’individus et de l’Église catholique. Malgré les efforts de l’Église catholique, la population de langue française demeura minoritaire. Au XIXe siècle, la capitale, aujourd’hui Yellowknife, portait le nom de Couteau-Jaune (du nom d’une tribu amérindienne), lequel désignait un minerai de cuivre, et non d’or.
Puis les Territoires du Nord-Ouest furent redécoupés pour donner naissance au Manitoba (15 juillet 1870), puis en 1874 pour permettre l’extension de l’Ontario et en 1876 pour créer le district de Keewatin à partir d’une bande centrale des Territoires du Nord-Ouest (voir les cartes à ce sujet).

En vertu de la Loi des Territoires du Nord-Ouest de 1875, un système d’écoles publiques fut mis sur pied, qui permit aux minorités religieuses (catholiques ou protestantes) d’établir des écoles séparées financées indépendamment par une taxe. En 1875, le Parlement fédéral adopta la Loi constitutionnelle des Territoires du Nord-Ouest, officiellement « The North-West Territories Act of 1875 », laquelle fut modifiée en 1877 pour inclure l’article 110 imposant l’obligation constitutionnelle contenue dans l’article 133 de la Constitution canadienne, soit le droit à une législature et des tribunaux entièrement bilingues. Par la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest de1877, la Constitution de ces territoires garantissait le bilinguisme à l’Assemblée législative et dans les tribunaux.

Cette disposition rendait justice à la présence, dans les Territoires du Nord-Ouest, d’une population à 50 % francophone. Par la suite, le Conseil des Territoires du Nord-Ouest a adopté ses projets de loi en anglais et en français et il les a fait publier dans les deux langues dans la Gazette de Manitoba. Puis, avec les années, l’article 110 de la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest fut moins appliqué de sorte que les francophones perdirent graduellement la plupart de leurs droits. Les autorités des Territoires avaient fini par trouver onéreux ce bilinguisme officiel (au coût de quelque 400 $ par année); ils trouvèrent toutes sortes de complications pour mettre fin à ce système. Au cours des années suivantes, apparut le terme Alberta pour désigner ce district des Territoires du Nord-Ouest, ainsi désigné par le marquis de Lorne, gouverneur général du Canada entre 1878 et 1883. En 1885, les Franco-Ténois (< francophones + Territoires du Nord) ne représentaient plus que 10 % de la population totale, laquelle était composée d’Indiens, d’Anglais, d’Écossais, d’Irlandais, de Canadiens français et de Métis francophones. En 1888, le Parlement canadien créa une assemblée législative élue pour les Territoires du Nord-Ouest.

Le premier ministre du Canada, John Macdonald, intervint recommanda de laisser la Législature locale de décider elle-même de la question linguistique. Le Parlement fédéral adopta, le 12 février 1890, une motion permettant à la Législature des Territoires du Nord-Ouest de réglementer elle-même les procédures de l’Assemblée en matière linguistique. Mais il fallut attendre deux ans avant que la Législature des Territoires du Nord-Ouest ne se décide à abolir l’usage du français dans les publications officielles. Une ordonnance de 1892 fit de l’anglais la seule langue admissible dans les écoles et les tribunaux. Le Conseil des Territoires du Nord-Ouest abolit ensuite les écoles séparés, c’est-à-dire catholiques et françaises.

Les territoires du Nord-Ouest furent découpés pour créer le district du Keewatin le 12 avril 1876, lequel demeura une entité distincte jusqu’en 1905. Ce district fut créé à la demande du lieutenant gouverneur du Manitoba, qui estimait que le nouveau gouvernement territorial des Territoires du Nord-Ouest était «incapable» d’administrer convenablement les terres au nord et à l’est de sa province. À ce moment-là, le Manitoba ne comptait qu’une petite superficie de 36 000 km², soit à peine plus grand que la Belgique actuelle. Le Manitoba était même connu à l’époque comme «la province timbre-poste» ( »postage stamp province »), en raison de sa forme carrée et de la faible étendue de son territoire qui ne couvrait que le 1/18 de sa taille actuelle. En 1881, les limites du territoire furent élargies avec 182 000 km² de plus, puis en 1912 pour acquérir les proportions actuelles de 650 000 km² (1,18 fois la France). En 1876, les Territoires du Nord-Ouest étaient divisés en trois parties: l’une à l’ouest du Keewatin, une autre à l’est du district et au nord de l’Ontario, ainsi qu’une dernière au nord-ouest du Québec. En 1898, le Keewatin fut agrandi aux dépens des Territoires du Nord-Ouest (voir les cartes à ce sujet). Le territoire du Yukon est créé la même année.
En 1905, les frontières des Territoires du Nord-Ouest furent encore modifiées par la création des provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta, mais le Keewatin fut réintégré dans les Territoires; il devint l’un des quatre districts, avec ceux de l’Ungava, de Mackenzie et de Franklin. Puis, il faudra attendre en 1912 pour fixer les frontières jusqu’en 1999, c’est-à-dire lors de la création du Nunavut (voir les cartes à ce sujet). Au début du XXe siècle, la population des Territoires du Nord-Ouest était surtout d’origine britannique, mais il y avait encore une forte présence des Métis. On comptait aussi des Canadiens d’origine allemande, russe, française, austro-hongroise et scandinave. La majorité des gens professait la religion protestante (anglicans, presbytériens, méthodistes, luthériens), d’autres étaient catholiques, orthodoxes, doukhobors, etc.

Pendant des décennies, le gouvernement fédéral ne s’est guère intéressé à ce qui se passait au nord de son 60e parallèle. En 1953, Louis Saint-Laurent, premier ministre canadien de 1948 à 1957, affirma même que «le Canada a administré les vastes régions du Nord pendant quatre-vingt-dix ans avec une continuelle absence de suite dans les idées». Malheureusement, comme pour plusieurs provinces anglaises, les Territoires du Nord-Ouest n’ont pas hésité à adopter des lois anti-françaises. En 1967, le siège du gouvernement territorial a été muté d’Ottawa à Yellowknife, promue capitale des Territoires du Nord-Ouest.

Il faudra attendre en 1969 pour que le gouvernement canadien adopte la Loi sur les langues officielles (aujourd’hui abrogée) qui rendait bilingues les institutions fédérales, ce qui impliquait les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon en tant qu’institutions du gouvernement fédéral. En effet, les territoires étaient eux aussi soumis au bilinguisme législatif et judiciaire. La Loi constitutionnelle de 1982 obligeait également les territoires du Nord-Ouest à assurer une instruction en français à la minorité de langue officielle. Enfin, en 1988, la Loi sur les langues officielles des Territoires du Nord-Ouest, dont l’entrée en vigueur était prévue pour 1990, le français et l’anglais devenaient les langues officielles des Territoires. En 1990, l’Assemblée territoriale a modifié sa loi sur les langues officielles de façon à ce que le chipewyam, le cri, le dogrib, l’anglais, le français, le gwich’in, l’inuktitut et le slavey soient les langues officielles des Territoires.

Le 22 janvier 1890, un député conservateur, D’Alton McCarthy, présenta un projet de loi à la Chambre des communes pour modifier la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest et abolir le caractère bilingue de cet territoire fédéral. Il précisait ainsi son objectif:
Au XVIIIe siècle, les Territoires du Nord-Ouest étaient dominés par deux entreprises de traite des fourrures : la Compagnie de la Baie d’Hudson, dont le siège social était à Londres, et la Compagnie du Nord-Ouest, dont l’administration se trouvait à Montréal. En 1870, le gouvernement britannique remit au Canada la responsabilité d’administrer le Territoire du Nord-Ouest, et la Compagnie de la Baie d’Hudson vendit au nouveau dominion la Terre de Rupert pour 300 000 livres sterling. La région fut rebaptisée Territoires du Nord- Ouest. Dix ans plus tard, le gouvernement britannique céda les îles de l’Archipel arctique aux territoires. A une certaine époque, les Territoires du Nord-Ouest englobaient l’Alberta, la Saskatchewan et le Yukon, ainsi que la majeure partie du Manitoba, de l’Ontario et du Québec.

En 1870, la province du Manitoba fut constituée à partir d’une minuscule parcelle des Territoires du Nord-Ouest. En 1905, l’Alberta et la Saskatchewan se détachèrent à leur tour des Territoires. Entre-temps en 1881, le Manitoba recula les frontières des Territoires et le Yukon devint un territoire autonome en 1898. Enfin, en 1912, les provinces du Manitoba, de l’Ontario et du Québec s’agrandirent en diminuant d’autant les Territoires du Nord-Ouest, mais ceux-ci demeurèrent la plus grande subdivision politique du Canada avec un peu plus du tiers de la superficie totale du pays jusqu’en 1999. En avril 1999, les Territoires du Nord-Ouest furent divisés en deux, cédant 60 p. 100 de leurs terres au Nunavut, situé dans l’est de l’Arctique.

 

 

Origine du drapeau:

le drapeau des Territoires du Nord-Ouest fut adopté par le Conseil du Territoire en 1969 à la suite d’un concours à l’échelle nationale, dont le gagnant fut Robert Bessant, de Margaret, au Manitoba. Les bandes verticales bleues aux deux extrémités représentent les lacs et cours d’eau des Territoires. Le centre blanc symbolise les glaces et les neiges du Nord et est orné de l’écu que contiennent les armoiries des Territoires. Les proportions du drapeau sont deux de longueur sur un de largeur. Adopté par le conseil territorial le 1er janvier 1969, il est divisé verticalement dans les proportions de un bleu au guindant, de deux blancs au centre et de un bleu au battant. La bande blanche porte en son centre l’écu des armes territoriales.

Origine des armoiries:

les armoiries des Territoires du Nord-Ouest furent accordées par la reine Elizabeth II en 1956 et représente la géographie de ce territoire à l’époque. Le tiers supérieur blanc de l’écu représente la banquise polaire et est coupé d’une bande bleue ondulée qui symbolise le passage du Nord-Ouest. La partie inférieure de l’écu est divisée par une diagonale ondulée représentant la limite de la végétation arborescente : la partie verte symbolise la forêt du Sud, et la partie rouge la toundra du Nord. Les principales richesses du Nord, à savoir les minéraux et les fourrures, sont représentées par des billettes d’or sur la pointe verte et la tête de renard polaire sur la pointe rouge. Le cimier est constitué de deux narvals, et la rose du compas entre les deux représente le pôle Nord magnétique.lles ont été autorisées par la reine Elizabeth II, le 24 février 1956. Armes : tranché-ondé de gueules à un rencontre de renard arctique d’argent sur sinople billeté d’or, au chef denché d’argent, chargé d’une burèle ondée d’azur. Torque : d’argent et de gueules. Cimier : une rose des vents d’argent accostée de deux narvals adossés d’or.

Liens externes:

L’encyclopédie du Canada

Université canadienne

Site sur les drapeaux et emblèmes.

 

One Comment

  1. Houston MacDougal
    3 octobre 2018 @ 21 h 00 min

    Des tas d’infos sur les Territoires du Nord-Ouest, article riche et enrichissant. Merci!

    Reply

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